Les substances per- et polyfluoroalkylées, plus connues sous l’acronyme PFAS, font partie des grandes préoccupations environnementales du XXIe siècle. Surnommées « polluants éternels » en raison de leur forte persistance dans l’environnement, ces composés chimiques s’accumulent dans nos écosystèmes et, malheureusement, dans nos ressources en eau potable. Mais qu’en est-il précisément de leur impact sur la qualité de l’eau potable en Suisse ?
Que sont les PFAS, et pourquoi sont-ils préoccupants ?
Les PFAS regroupent plus de 4 000 substances chimiques synthétiques, utilisées depuis les années 1940 pour leurs propriétés uniques telles que leur résistance à l’eau, aux graisses et à la chaleur. On les retrouve dans de nombreux produits de la vie quotidienne : textiles imperméables, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs… Mais cette omniprésence a un coût environnemental et sanitaire considérable.
Ces substances sont extrêmement stables et se dégradent très lentement, voire pas du tout, dans l’eau ou le sol. Cette caractéristique les rend particulièrement problématiques lorsqu’elles contaminent les ressources en eau potable, car elles s’y accumulent et deviennent presque impossibles à éliminer.
En Suisse, où la qualité de l’eau potable est une priorité nationale, la présence de PFAS suscite une inquiétude croissante. Ces « polluants éternels » mettent non seulement en péril l’équilibre de nos écosystèmes aquatiques, mais aussi la santé humaine.
Comment les PFAS se retrouvent-ils dans nos ressources en eau potable ?
En Suisse, les PFAS peuvent pénétrer dans les ressources en eau potable par plusieurs voies :
- Le ruissellement et l’infiltration : Les mousses anti-incendie contenant des PFAS, utilisées sur des sites d’entraînement ou lors de feux réels, sont l’une des principales sources de contamination des eaux souterraines.
- Les rejets industriels : Certains secteurs, comme la chimie ou le textile, rejettent des effluents contaminés par des PFAS dans l’environnement.
- La dispersion atmosphérique : Ces substances peuvent également être transportées par l’air, avant de retomber sur le sol et d’être lessivées par la pluie.
- Les déchets : Les PFAS présents dans les matériaux en fin de vie – comme les vêtements ou les emballages – peuvent se retrouver dans les lixiviats des décharges.
Ces mécanismes font des ressources en eau, particulièrement les nappes phréatiques, une cible privilégiée de contamination par les PFAS. Et une fois que ces substances atteignent nos réservoirs d’eau potable, leur élimination devient extrêmement coûteuse et complexe.
Quels sont les risques pour la santé ?
Si les effets des PFAS sur la santé humaine font encore l’objet de recherches, plusieurs études mettent en lumière des liens inquiétants entre une exposition prolongée et divers problèmes médicaux :
- Des perturbations hormonales : Les PFAS sont soupçonnés d’interférer avec le système endocrinien, ce qui peut avoir des répercussions sur la fertilité et le développement.
- Un risque accru de certains cancers : Notamment des cancers du rein et des testicules, comme l’ont révélé des travaux menés aux États-Unis.
- Des impacts sur le système immunitaire : Une exposition prolongée pourrait réduire l’efficacité des vaccins ou augmenter la sensibilité aux infections.
- Des troubles métaboliques : Les PFAS pourraient jouer un rôle dans l’augmentation des cas d’obésité et de diabète.
Bien qu’il faille rester prudent face à ces résultats, l’inaction comporte un risque majeur pour la santé publique. C’est pourquoi il est essentiel d’agir en amont pour limiter la contamination de nos ressources en eau.
Qu’en est-il en Suisse ? Les données disponibles
À l’échelle mondiale, la Suisse est souvent citée en exemple pour la qualité de son eau potable. Ce constat reste largement valable, mais les derniers relevés soulignent que certaines zones pourraient être plus exposées aux PFAS que d’autres.
Selon une étude réalisée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), des traces de PFAS ont été détectées dans plusieurs cours d’eau et nappes phréatiques. Les niveaux relevés peuvent varier grandement selon la proximité avec des sites industriels, des aéroports (où des mousses anti-incendie ont été utilisées) ou des décharges non sécurisées. Bien que les valeurs mesurées soient généralement inférieures aux seuils admissibles, leur simple présence est déjà préoccupante.
Par ailleurs, comme pour de nombreux autres polluants, la surveillance des PFAS en Suisse dépend en grande partie des moyens financiers et techniques alloués. Certains experts appellent ainsi à renforcer les analyses dans les zones sensibles, afin d’obtenir une cartographie plus précise de la pollution.
Des solutions existent-elles pour protéger nos ressources en eau ?
Face à cette problématique complexe, plusieurs pistes d’action sont envisagées, aussi bien sur le plan de la prévention que de la remédiation. Voici quelques exemples :
- La réglementation stricte : L’une des indications les plus fortes pour limiter la présence des PFAS dans l’eau potable repose sur une réglementation stricte. Certains pays, comme les Pays-Bas et la Suède, imposent déjà des seuils d’exposition très bas. La Suisse pourrait s’en inspirer pour compléter son arsenal législatif.
- Le traitement des eaux contaminées : Des technologies avancées comme l’adsorption sur charbon actif ou l’osmose inverse peuvent réduire efficacement les concentrations de PFAS, bien que ces solutions soient coûteuses et difficiles à déployer à grande échelle.
- La recherche et l’innovation : Des investissements accrus dans la recherche pourraient permettre de développer des méthodes plus économiques et durables pour éliminer les PFAS des eaux usées et des nappes phréatiques.
- La prévention à la source : Réduire ou interdire l’utilisation des PFAS dans les produits industriels et de consommation reste sans doute la solution la plus efficace à long terme. Cette démarche nécessitera toutefois une collaboration internationale et une prise de conscience collective.
Mobilisons-nous pour protéger nos eaux
Il est clair que les PFAS représentent un défi majeur pour la qualité de l’eau potable en Suisse. Mais en éduquant la population, en renforçant la réglementation et en développant les infrastructures nécessaires, il est possible de limiter leur impact. La Suisse a su démontrer par le passé qu’elle pouvait être à la pointe de la protection environnementale. Pourquoi ne pas relever ce nouveau défi avec le même engagement ?
La situation est certes préoccupante, mais elle n’est pas irréversible. Chaque geste compte : limiter l’utilisation de produits contenant ces substances, soutenir les initiatives environnementales locales et s’informer pour mieux comprendre les enjeux. Ensemble, nous pouvons contribuer à préserver l’une des ressources les plus précieuses pour la santé et la vie sur Terre : notre eau.